En fouillant récemment dans nos archives (non, elles ne sont pas toutes numérisées), nous sommes tombés sur un vieil exemplaire de Poésie1, plus connu sous le nom de Poésie Vagabondage.
Là, vous vous dites que nous nous attaquons à une niche – idéalistes que nous sommes, et que ça va vite vous ennuyer.
Premièrement, nous sommes bien convaincus que la Poésie trouve un terrain naturel où s’exprimer sur Internet, et que le désamour que nous lui portons serait facilement surmonté s’il y avait plus d’initiative comme le podcast « Poetry off the shelf » de la Poetry foundation (ceci est un appel du pied aux éditeurs de la revue Poésie Vagabondages). Deuxièmement, et, comme d’habitude, nous vous induisons en erreur car la poésie n’est pas notre propos, mais bien la publicité, quoique …
Ce qui est marquant dans cette édition qui a presque 35 ans, ce sont les publicités qu’on y trouve. Les annonceurs de cette revue aujourd’hui se comptent sur les doigts d’un homme qui aurait serré la main d’un des ouvriers qui travaillait sur le site de Tchernobyl, c’est-à-dire, un seul. Et ce courageux annonceur est : France Culture (nous nous basons sur une édition de 98 et de 2005, n’ayant pas eu le temps de racheter un numéro plus récent). Il y a donc plus de place pour le texte et une plus grande cohérence éditoriale.
Dans l’édition de 1976, on trouve pas loin de 30 annonceurs ! Et pas forcément les plus petits, car au milieu des maisons d’édition, des revues d’idées et de poésie, et des publicités pour les dictionnaires, on trouve :
- des publicités pour des machines à écrire (Olivetti, Electra Automatic), jusque là ça reste cohérent,
- une publicité Lancôme (quand on songe à l’horrible publicité « Poème » de Lancôme avec Juliette Binoche …) et Rochas,
- une publicité pour des biscuits Belin (on dérive un peu),
- une publicité Pernod (pourvu qu’on ait l’ivresse),
- une publicité Air France,
- une publicité Renault,
- des publicités pour des télévisions (Continental Edison et Pathé Marconi),
- une publicité Brandt,
- une publicité Crédit Lyonnais (LCL pour nos lecteurs nés dans les années 90) qui cite La Fontaine,
- une publicité pour Sppery Remington (rasoir et « hair brushing set »; Jacques Toubon si tu nous écoutes …)
Et que d’audaces dans tout cela ! Certes, le meilleur y est distillé partialement, et comparé au contenu même de la revue, c’est un peu léger, mais c’est, au fond, amusant. Notre préférence va à celle de Manpower : comment dire aux lecteurs qu’on les aime pour leur passion, mais – puisqu’ils sont forcément fauchés, qu’ils devraient faire un peu d’intérim en attendant des jours meilleurs. Difficile d’imaginer ce que pourraient faire nos concepteurs-rédacteurs actuels. La publicité, comparée à la poésie, c’est beaucoup de relâche et de facilité dans la rédaction (quand ce n’est pas que ça). C’est aussi une expression par rapport à un repère culturel donné, et nos publicitaires actuels ne reprendraient pas certains des codes que vous trouverez plus bas.
On ne trouve donc plus de publicité « marchande » dans cette revue, et on se dit que c’est une bonne chose, tant le contraste entre son contenu et la publicité jurait. Mais cela en dit long sur la sacralisation de la poésie qui des limbes ait grimpé au paradis de la littérature, là où on ne la touchera plus.
Nous vous laissons juges, donc, de ces publicités :
Les 3 K ?
Very grahic, isn’t it? Avec une télévision comme cache-sexe, on se sent plus à l’aise :
Not politically correct, isn’t it?
Merci le Crédit Lyonnais :
Et voici notre favorite :
P.S. Nous vous incitons fortement à retourner à la poésie pour vos échanges quotidiens avec ceux que vous aimez, et à la lecture de la revue Poésie Vagabondages.