Un développeur et un communiquant travaillent ensemble. C’est déjà beaucoup. De penser que ces deux personnes aux affinités et objectifs pas toujours réconciliables ont fait un effort lors de la conception et du travail du design d’une application pour leur entreprise, on ne peut s’empêcher de croire qu’un pas décisif a été fait.
Lorsqu’ils font appel à un designer pour mieux prendre en compte les besoins de l’utilisateur et compléter les spécifications de leur projet numérique grâce à du prototypage, les choses vont dans le bon sens. Mais ce n’est pas le moment d’abandonner le bateau pour le communiquant. Si le projet est bien engagé, il reste un point sur lequel sa vigilance doit continuer de s’exercer : l’identité de marque.

L’interface, véhicule de la marque

Une même marque utilise de nombreux points de contact numérique pour dialoguer avec ses publics : site internet pour le public, site intranet pour les collaborateurs, applications métiers, etc. Certains publics sont en contact avec la marque au travers de plusieurs points de contact (particulièrement les publics internes).
Et s’il est très clair dans l’esprit des équipes que le logo et les différents attributs de la marque doivent être respectés, souvent (et surtout dans le cas des outils “métiers”), il est moins connu que les éléments d’interface (liens, boutons, animations, interaction, icônes …) jouent un rôle important dans l’appropriation de la marque.
Le design d’interface, bien qu’il soit un jeu sous contrainte, est également vecteur de style. L’enjeu est de traduire au mieux le style de la marque pour en préserver la cohérence et continuer de marquer les esprits.

Depuis les institutions jusqu’aux marques

On pourrait croire que cet enjeu se limite aux éditeurs de logiciels (on reconnaît une application Windows, Google ou Adobe au premier coup d’oeil) mais aux Etats-Unis et en Angleterre, de nombreuses institutions se dotent de guides de style ou de librairie d’éléments d’interface.
Quelques exemples :
Le guide de style de Starbucks,
Le guide de style du Lonely Planet,
Un article du Government Design Service du Royaume-Uni sur leur méthode,
Un article sur les guides de style de Lufthansa,
La librairie d’éléments de Wallmart.

Guide de style vs Librairie d’éléments

Un guide de style est un peu comme une charte graphique numérique. De la même manière que vous demanderiez à un directeur artistique de vous dire quelle typographie associée à votre logo et dans quelle circonstance, le designer vous explique les choix qui président le dessin et les couleurs des éléments d’interface afin d’en démontrer la cohérence et de vous donner une direction. Il sert surtout aux concepteurs.
Une librairie d’éléments assure la cohérence et la continuité entre les designers et les développeurs. C’est une sorte d’encyclopédie d’éléments d’interface réutilisables à tout moment par les développeurs. Elle donne une vision globale du système et inspire des évolutions à mesure que de nouveaux projets arrivent. Chefs de projet et développeurs peuvent s’y référer pour assurer une cohérence dans l’expérience des utilisateurs.
Ces outils sont devenus, au même titre que la charte graphique, des éléments fondateurs de la marque numérique.

Un sujet pour les DSI et les communicants

Dans notre expérience, il y a souvent une différence de culture marquée entre les intervenants qui ont une vision technique du problème et les communicants qui ont une vision plus centrée sur la marque. Les communicants ne s’impliquent pas toujours autant qu’ils le pourraient, soit parce qu’ils sont tenus à l’écart, soit parce qu’ils se tiennent d’eux-mêmes à la marge des sujets techniques. Le point de rencontre de ces deux acteurs, c’est l’expérience de l’utilisateur. En organisant les projets autour de l’utilisateur final, on parvient plus facilement à créer une émulation dans laquelle les arbitrages stratégiques sont mieux acceptés.  L’expérience utilisateur ainsi créée profite à la simplicité d’utilisation et à la marque en même temps.