Récemment, j’entendais un ami dire, devant les cris d’extase des personnes auxquelles il montrait son Iphone 4 : « oui je sais, je suis un vrai geek » avec un mélange de fierté et de fausse modestie dans la voix.
Tout le monde sait qu’être un geek, ce n’est même plus un inconvénient. A la limite, c’est une alternative au « footeux ».
Avant le geek était associable, maintenant, il est à la pointe; le geek était moche, maintenant il est, tout au plus, excentrique.
En fait, le geek pur et dur a disparu, il a été remplacé par le bô geek: celui qui aime la techno quand elle est belle, celui pour qui Apple design des produits faciles d’utilisation, et qui parfois pousse le vice à utiliser un blog, mais qui ne met pas les mains dans le cambouis du code.
Il aime autant la techno que son lointain cousin, mais il a une focale plus large qui le pousse à ne pas s’attarder sur les détails. On lui mâche la technologie, pourvu qu’elle reste un objet social dont on peut discuter, à l’égale de la culture. Il préfère savoir et en parler qu’être dans le « dév » ou la chasse au bug.
Le geek pur et dur continuera de hanter les forums de commentcamarche.com, mais le bô geek lui préfère Wired ou Fubiz.
A tel point, que ce genre de médias a inventé un lifestyle « geek ». Et la boucle se boucle. Le bô geek est parfois un ancien hardcore geek qui a réussi. Et qui a donc des aspirations plus formelles qu’avant.
Il ne créé plus son monde avec ses congénères, il rêve de celui qu’on lui donne à voir (et puis ne plus dormir, bouffer de la pizza, et finir au Rex parce qu’on est entre mecs : ça va un temps).
Bienvenue dans un monde qui chérit un autre type de culture. Au programme, des jeux vidéos ludiques et pas trop complexes (Guitar Hero, Wow), des ordinateurs et des outils électroniques faciles de manipulation (Ipad), des machines de rêve (La Bugatti Veyron, vue par Fubiz et par Wired), des films de SF avec des bô gosses (Inception vu par Fubiz et par Wired)
Et oui, bô geek = bô annonceurs.
Bon, il reste tout de même quelques points communs à ces deux espèces de geeks :
– « où sont les femmes ? »
– « un peu plus de bruit dans ta musique ? »
– « j’ai pas envie de dormir »
Rendez-nous nos vrais geeks, on les aimait bien ! Rendez-nous les PC, les langages orientés objet, les premiers warcraft, Civilization, Gosht in the shell, et surtout une bonne vieille caisse d’occas’ qui ne passera jamais le deuxième contrôle technique. En achetant Apple, ils se ramollissent, les CMS abattent le boulot à leur place, les jeux se jouent avec des wimotes et des fausses guitares… Sauvez un geek, offrez-lui une carte perforée et un circuit intégré.