Le voilà le client, effrayé à l’idée de se lancer dans un nouveau projet. Le pauvre, il tremble, et traine de pieds tel un condamné qu’on emmènerait à l’échafaud. Mais il ne peut rien y faire ; son DG lui a demandé de répondre à l’impératif catégorique corporate : « en matière de communication, fais au moins ce que les autres font, et débrouille-toi pour le faire mieux et pas cher ». Qu’importent ses hésitations, il n’attendrira pas le tyran boss.
Et voilà, cet autre client, qui, lui, sait. La technologie n’a pas de secret pour lui, il est au courant : il connait Dreamwaver, il est abonné au blog de PLP, il a fait une formation HTML, il y a deux ans et fait du flash à ses heures perdues. Le web, c’est facile, ce n’est pas comme la dernière fois où il a acheté un aquarium pour l’anniversaire de son fils : il ne se laissera pas berner.
Entre ces deux caricatures se déploie un panel de cas, auxquels nous sommes confrontés tous les jours.
Souvent nous préparons nos clients, avant qu’ils ne puissent véritablement évaluer la difficulté du projet. Cela passe par un discours de vulgarisation, mais également par la mise à distance de l’objet technique qu’est un site Internet.
Voici quelques clés pour bien vous préparer :
Pensez en amont
Déterminez le type de site dont vous avez besoin :
- e-commerce,
- portail éditorial,
- site institutionnel,
- extranet,
- site évènementiel,
- etc.
Chacun de ces types répond à une problématique précise qui appelle un ensemble de fonctionnalités, et donc un certain type de solutions techniques adaptées. En hiérarchisant vos besoins, vous verrez très vite quel type de site, il vous faut (par exemple: « 1 – vendre mes produits, 2 – présenter ma société » n’ouvrira pas sur les mêmes solutions que « 1 – présenter ma société, 2 – vendre mes produits »)
Ne vous jetez pas sur la partie technique directement, vous serez toujours moins qualifié qu’un développeur pour définir précisément vos besoins en matière technique.
Au lieu de cela, cernez l’objectif de votre site, les publics auxquels vous souhaitez vous adresser, et caractérisez-les. Il ne suffit pas de dire « communiquer » et « mes clients ». Essayez plutôt de formuler cela précisément : « je ne suis pas connu, et j’aimerais le devenir » ou « je suis connu, mais j’aimerais diffuser mon image sur le web ». Au passage décrivez votre entreprise dans vos propres mots.
En dégageant quelques propositions simples mais construites, nous pourrons déjà vous orienter sur des choix fonctionnels, puis sur des choix techniques.
Mais surtout, vous pourrez voir ce qu’il vous manque pour vous lancer :
- est-ce que je sais déjà ce que je veux dire ?
- qu’est-ce que je veux présenter ou vendre ?
- est-ce que l’identité de ma société est bien définie (graphisme, positionnement, discours) ?
Si vous n’avez rien de tout ça, posez-vous la question de leur importance : « Je voudrais une charte graphique différençiante »
Oui, mais vous n’avez pas de logo … Ou vous avez fait vous-même votre logo sur power point, et cela risque de réduire à néant les efforts du directeur artistique pour vous doter d’une belle maquette de site.
Faites un plan large
Après avoir pensé cette partie, vous pouvez concevoir les fonctionnalités du site sans rentrer dans les détails. L’échange avec votre prestataire vous ouvrira d’autres possibilités.
Pensez également qu’un site n’est pas le seul élément de votre communication sur Internet. Votre nom de domaine est à lui seul un parti-pris de votre communication.
Exemple, les internautes ont souvent une idée très précise de ce qu’ils vont trouver derrière un .org, ou encore utiliser les initiales de votre entreprise pour le nom de domaine de votre site web peut s’avérer désastreux pour le référencement de votre site.
Vous pouvez également créer un blog, des profils sur les réseaux sociaux, etc. Internet est une environnement à lui tout seul, apprenez à en déchiffrer les codes et à trouver les canaux et le discours pertinents.
Par ailleurs, l’indexation et le référencement d’un site (c’est à dire sa présence sur les moteurs de recherche) ne se fait pas automatiquement. Autrement dit, ce n’est pas parce que votre site est en ligne que l’internaute vous trouveront. Il faut se glisser dans la peau des internautes pour imaginer comment ils pourraient vous trouver sur Internet (quel mot?), et à partir de là, réfléchir à l’organisation de votre site.
Ne venez pas à la technique, elle viendra à vous bien assez tôt
Bien sûr, les prestataires ont leurs solutions préférées (libres ou non, CMS ou spécifiques, etc.) et nombre de nos clients ont peur de se faire déborder. Il est assez aisé de se renseigner sur Internet pour avoir quelques questions à poser, et confronter les réponses d’un prestataire à l’autre.
L’important étant que celui-ci propose une solution déjà maîtrisée ou sinon une solution qui bien pensée vous apporterait des bénéfices que vous n’aviez pas envisagés. Bref il faut qu’il ait un point de vue sur la technique.
Séparez bien les différentes prestations dans votre esprit :
- le nom de domaine,
- la création du site Internet,
- l’hébergement du site Internet.
Le même prestataire peut gérer les trois. L’idéal pour vous est de garder la main sur le nom de domaine (demandez au moins des codes d’accès pour la gestion du nom de domaine, et faites-bien attention d’avoir été désigné comme le propriétaire du nom de domaine lors de son enregistrement).
Flash (site en full flash) ou HTML ?
C’est souvent une question qui torture les clients. Il faudrait quelques posts pour vous décrire les avantages et les inconvénients, mais grosso modo, voici notre opinion : la valeur ajoutée du flash réside dans l’animation, la créativité, et la souplesse dans la conception de l’interface de votre site. Les menus s’animent comme vous le souhaitez, les effets 3D sont possibles (pas forcément faciles), etc. Le flash est lu toujours de la même manière par les navigateurs.
L’HTML propose un standard de publication (le standard du web en fait) plus rigide quant à la mise en forme, mais il est plus facile à mettre en oeuvre, plus facilement référençable. La plupart des internautes ont conformé leur usage du Web à ce standard et ont l’habitude de trouver leurs menus, liens, etc. toujours aux mêmes endroits et de les interpréter correctement. Les contraintes liées à l’interface sont plus grandes, mais on peut en jouer et aboutir à des résultats tout aussi intéressants.Il laisse la porte plus ouverte à des ajouts fonctionnels et à des évolutions éditoriales plus simples.
Rien ne vous empêche de l’animer ça et là de flash ou de javascript.
Les deux technologies évoluent en parallèle, tout cela est donc à suivre de très près. En deux ans de temps les technologies évoluent beaucoup, et un savoir peut devenir obsolète.
Au final ce qui va compter dans votre choix, c’est le niveau de personnalisation de la navigation, votre exigence en terme d’animation.
« L’esthétique, c’est beau » (véridique)
On peut construire des sites fonctionnels, ergonomiques, et élégants tout à la fois. Mais le but d’un site est bien de véhiculer l’information, si vous voulez faire une oeuvre d’art, tournez-vous plutôt vers la peinture; si vous voulez un système d’informations, tournez-vous plutôt vers une SSII. Un site Internet peut se placer à la pointe d’un système d’informations (par exemple, la publication de données financières consolidées), mais il faut garder à l’esprit que les informations doivent être organisées/consolidées avant leur publication sur Internet.
Une agence Web ou une agence de communication, vous aidera surtout dans l’organisation de votre information, son adaptation à la lecture sur écran. Sans négliger, bien sûr, tout ce qui compte dans l’environnement qu’est Internet : référencement, newsletter, e-promotion, display, e-réputation, campagne virale, affiliation, site web mobile, etc.
Faites faire des spécifications
A tout le moins, votre prestataire devrait fixer avec votre aide l’arborescence du site et les principales fonctionnalités. L’organisation des contenus et la disposition des pages doivent suivre une logique éditoriale (quel thème éditorial pour quelle rubrique et quelle nature de contenu pour quel emplacement dans les pages?) L’idéal est de définir un chemin de navigation (un peu comme un chemin de fer pour un journal). Vous éviterez qu’il y ait des ruptures ou des chemins incohérents.
Par ailleurs, c’est un bon moyen pour mieux définir le champ de la prestation, et voir ce qui tient ou ne tient pas dans le budget.
Ne le faites pas seul (ou alors simplement en travail préparatoire): organiser la navigation dans un site Internet sans connaître les contraintes techniques et les usages des internautes, se révèle souvent illusoire.
C’est dans la boite
A force de répéter que tout cela est « virtuel », beaucoup de gens pensent que le développement informatique est un produit direct de l’imagination ou, pour le dire autrement, « il y a ka ».
Ou encore, parce qu’on a l’habitude de faire des mises en page facilement sous word, on ne doute pas que cela se passe autrement pour Internet. Autant, nous pensons qu’il ne faut pas brider les idées créatives, autant nous savons que pour un tel projet, il ne faut pas se fier aux apparences : le déplacement de la petite colonne de droite vers la gauche peut être une immense galère, surtout quand vous en êtes à la phase de recette.
Faites confiance à votre prestataire, mais n’hésitez pas à le mettre au défi sur certaines réalisations, il vous dira vite ses limites, et il essaiera de trouver une solution pour les dépasser.
Le plus tôt dans le projet, vous lui aurez exprimé vos exigences, le mieux ce sera.
Ce qui est fait est… fait
Soyez sûrs de vous dans vos décisions, car les retours en arrière sont souvent chronophages. Ils introduisent également le germe de la catastrophe du projet (retard, confusion, etc.)
Par exemple, une fois votre charte graphique validée, évitez de revenir après coup sur vos choix. Il nous est arrivé de faire 6 maquettes graphiques pour un site, de la valider, de commencer à l’intégrer en HTML/CSS, avant que le client ne réagisse et nous demande de tout reprendre. Évidemment, cela coûte cher financièrement, mais encore plus en temps.