L’art de la démonstration

Récemment je discutais au  sujet de la protection des données privées sur Facebook et Google avec une personne qui me disait à peu près ceci :

« (…) personnellement, cela ne me dérange pas…  après tout,  avoir des pubs ciblées s’affichant sur mon écran… perso je m’en fous…  et puis moi je l’utilise ils me rendent service alors la pub je peux comprendre… » ou :  » Et alors… je sais que facebook et google stockent des informations privées sans avoir forcément mon autorisation au préalable… mais tant que ça me dérange pas et qu’ils font pas des trucs avec… »

Ce discours plutôt  individualiste, va à l’encontre de l’idée de média « social » et de site « communautaire » où, par définition, l’intérêt est dans le partage commun. Même si nous ne nous sentons pas « dérangés », cela paraît nécessaire de connaître les procédés utilisés par des entreprises comme Google et Facebook, pour collecter de nombreuses informations privées à des fins mercantiles sans notre autorisation.
Christophe Bruno, artiste issu du net-art, nommé le spécialiste du « Google.art », oriente l’essentiel de son travail sur le fonctionnement du célèbre moteur de recherche Google, et la question des données privées.
Les démonstrations de l’artiste nous révèlent vers quelle direction se tourne le web, il parle d’un effet de « globalisation » et n’hésite pas à comparer le phénomène google à Big Brother quitte à passer pour un paranoïaque comme l’écrit Élisabeth Chamontin dans « Christophe Bruno,témoin de la globalisation, et le Google art » :

« Christophe Bruno serait-il paranoïaque ? Il s’en défend en tout cas avec véhémence : « La parano, c’était dans les années 70. Philip K. Dick était un vrai parano, lui. Mais quand on lit un de ses romans, on s’aperçoit que tout ce qu’il disait s’est réalisé, alors que personne n’y croyait. On est même loin en dessous de la réalité de ce qui se passe aujourd’hui, de l’ampleur que ça a pris. » »

Son Google Adwords Happening par exemple, démontre que la censure de google ne s’effectue pas selon des principes éthiques. L’artiste dit :

« Google a créé un outil fascinant et d’une puissance incroyable. Les principales règles de ce nouveau monde ne sont pas des règles éthiques. Comme vous pouvez le voir dans les emails que j’ai reçu, mon happening a été censuré non pas pour des raisons morales, mais pour des raisons économiques. Vous avez le droit de mettre dans les annonces un contenu sexuel, mais il doit être en rapport avec le contenu du site. C’est une garantie pour que le système de Google ne soit pas dévalué. Ces règles leur sont nécessaires pour rester compétitifs. »

Dans un article du Tigre, l’auteur explique que Facebook propose, certes de nombreux services gratuits (grâce à la pub) mais demeure une entreprise privée et ne compte pas parmi le monde du web open source :

« (…)plus les utilisateurs restent sur Facebook, plus leur valeur auprès des annonceurs est forte. »

En cliquant sur le bouton « j’aime », facebook enregistre de nombreuses informations privées à notre insu, et ce malgré les options cochées sur le profil. Il n’existe pas vraiment d’alternatives équivalentes à Facebook en terme de simplicité d’utilisation, d’ergonomie et de puissance. Cependant le projet Diaspora, développé par un groupe de 4 étudiants en mathématiques et en informatique de l’université de New York, semble vouloir répondre à ces attentes – notamment sur le plan de la sécurité. Il est clairement expliqué que Diaspora  respecte totalement la vie privée et les choix des internautes. Partout où l’on parle de  Diaspora sur le web, il est qualifié « d’anti-facebook », est-ce bien nécessaire d’insister sur cette orientation ? Et est-ce que toutes ces « belles promesses » seront tenues ? En attendant, si vous souhaitez vous faire une idée par vous-mêmes, vous pouvez visiter le site ici.

Parallèlement au domaine du web, on pourrait évoquer également le domaine du print. Dans un ancien article du blog de l’AFD, on cite les termes employés par le  graphiste Malte Martin : « Privatisation du regard », faisant référence aux nouveaux principes de présentation d’affiches culturelles imposés par la FNAC, le logo de la FNAC billeterie ne doit plus être affiché en bas du visuel mais ce sera une sorte de « marie-louise » avec la fnac en beaucoup plus gros, et finalement plus visible que l’affiche elle-même.

(détails ici)

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